« Liberté d’expression », « liberté des médias », « oppression des médias », « libéralisation des médias »... Aussi bien sur le plan national qu’international, les médias soulèvent plusieurs interrogations et plusieurs débats. Certains y voient l’apanage de la démocratisation d’un Etat, d’autres y voient un excellent moyen de désinformation et de manipulation des masses. La vérité est-elle entre les deux ?
Si le rôle majeur des médias est essentiellement celui de préserver le droit de savoir et le droit d’accéder à l’information, ils constituent également une plate-forme de débat et d’expression. Or, cantonner les médias à cette unique signification reviendrait à simplifier un phénomène d’une grande complexité puisqu’ils sont aujourd’hui au cœur d’une controverse à l’échelle mondiale : Où s’arrêtent l’information et la liberté d’expression et où commencent la manipulation, la désinformation, la diffamation et l’atteinte à la vie privée ? Peut-on parler d’une objectivité dans la presse (aussi bien écrite qu’audiovisuelle)? Comment distinguer la simple erreur de jugement de la véritable prise de position éditoriale ? Dans quelle mesure le récepteur de l’information (lecteur, téléspectateur, auditeur…) peut-il se prémunir contre la désinformation ?
En 1787 déjà, l’homme politique irlandais Burke a inventé le terme « 4ème pouvoir » pour désigner l’action des médias dans les sociétés démocratiques. Pour lui, c’est un pouvoir qui agit dans le champ public sans aucun cadre institutionnel, contrairement aux autres pouvoirs (les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire). C’est aussi un pouvoir qui est mis entre les mains d’acteurs privés ou publics, plus ou moins déclarés, dont l’objectif principal pourrait se limiter à la réussite commerciale ou répondre à des enjeux sociopolitiques, indépendamment de l’appartenance idéologique.
Les médias ne forment pas réellement un pouvoir, mais ils en exercent concrètement plusieurs. Leur rôle n’est pas uniquement d’informer leurs publics mais également de servir des intérêts, tantôt en faveur des uns, tantôt en faveur des autres. Il est donc rare et très difficile qu’un journaliste soit parfaitement objectif. Le traitement d’une information dépendra toujours d’un choix éditorial du journaliste et/ou de son média. Or, le « recadrage » d’une information n’est-il pas une position, une subjectivation de cette information ?
Peut-on toutefois utiliser cet argument pour limiter le champ d’actions des médias ? Doit-on aller vers une réglementation ou une régulation ?
En effet, les médias se suffisent de moins en moins à leur objectif traditionnel qui est celui d’informer le public avec rigueur et objectivité. Ils le dépassent aujourd’hui pour agir sur l’opinion publique et pour influencer les esprits, voire les manipuler dans certains cas. Si au Maroc, le sujet reste cantonné dans les débats de salons ou à travers des médias interposés, dans d’autres pays où les pratiques démocratique et médiatique sont plus développées, de nombreuses études et recherches ont abordé cette question.
Toutefois, il est difficile de juger les médias dans leur globalité car l’élément humain demeure l’acteur principal dans cette problématique. Que ce soit un journaliste, un reporter, le directeur d’une chaine de télévision ou d’un site internet, c’est toujours le détenteur de l’information qui choisit la manière de la communiquer et la finalité de son action. Le sens moral et l’éthique dans les métiers de l’information deviennent ainsi comme ce vaccin sans lequel, les médias deviennent socialement, économiquement et politiquement venimeux et à tendance épidémique. Au souci d’objectivité (très difficile à atteindre vu cette composante humaine qui intervient), ne devrions-nous pas mettre en avant le souci d’éthique et de professionnalisme ?
Dans ce cadre, plusieurs questions peuvent être posées :
- Faut-il donc repenser ou redéfinir le rôle des médias ?
- Quels types de médias représentent aujourd’hui les réseaux sociaux sur le net ?
- Faut-il réglementer ou, au contraire, s’orienter davantage vers l’auto-régulation ?
- Est-il possible et est-il nécessaire de maîtriser l’impact des différents médias ?
- Comment peut-on discerner entre l’information et la désinformation?
- Comment gérer l’abondance de l’information sur Internet ?
- Peut-on réglementer les interactions entre les médias et les autres pouvoirs, y compris le pouvoir économique ?
- La liberté d’expression doit-elle avoir des limites? Si oui, lesquelles ?
- Comment préserver à la fois le droit à l’information et le droit au respect de la vie privée ?
- Comment mettre en place les conditions nécessaires à l’épanouissement de médias libres et responsables ?
- Au Maroc, la question des moyens (humains, financiers, qualité de la formation…) n’influence-t-elle pas le rendement des différents médias ?
- Etc…
Toutes ces questions, et d’autres encore, seront abordées lors de la conférence-débat qu’organise HEM au sein de son Campus à Casablanca, le Mercredi 24 Février 2011à 18h30.
Interviendront à cette Conférence-débat:
Directeur de Publication, La Vie Eco.
Secrétaire Général du Parti du Progrès et du Socialisme, Ancien Ministre de la Communication et Porte-Parole du Gouvernement
Directeur Adjoint de l’information "2M", Chargé des Magazines d’information.
Correspondant Maghreb, El Pais (Espagne)
Directeur de l’Institut Supérieur de l’Information et de la Communication (ISIC)
M. Khalid Tritrki - journaliste et Directeur du portail d’information MarocEco.ma
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