le stress hydrique au Maroc est indéniable et la construction des barrages n'est pas la solution.
C'est sous le protectorat que le premier barrage du Maroc a été construit Barrage "Sidi Saïd Maâchou" mis en eau en 1929 pour les besoins de la population coloniale. Feu sa majesté le roi Hassan 2 avait compris l'importance de l'eau pour un pays semi aride. Des 1967 le roi a engagé le pays dans une politique audacieuse de construction de barrages à des fins agricoles, pour l'irrigation d'un million d'hectares avant la fin du 20e siècle. L'objectif est atteint en 1997. La construction de barrage est poursuivie par le roi Mohammed 6 avec 2 à 3 grands barrages construit par an. Il y a aujourd'hui 148 grands barrages avec une capacité de production hydroélectrique de 1777 mégawatts (MW) qui sera porté à 2200 MW vers l'année 2020 (chiffres Masen) (par la construction de nouveaux barrages) et 1000 petits barrages.
Malgré la construction régulière de barrages depuis les années 60, La disponibilité en eau est passée de 2 560m3/habitant/an en 1960 à 730 m3/habitant/an actuellement. Le Maroc est à la 19e place dans la zone Mena pour le risque de pénurie d'eau. Tél est le constat inquiétant.
L'histoire hydrique du Maroc de ces 90 dernières années montre que la construction de nouveaux barrages ne résout pas le problème du stress de l'eau. L'expérience espagnol le montre aussi. L'Espagne pays connaissant comme le Maroc, une problématique majeure d'eau a depuis l'époque franco mis en place un millier de barrages, que le pays n'arrive plus à remplir.
Depuis 2009 avec le lancement de la stratégie nationale énergétique, Le Maroc ambitionne de porter à l’horizon 2020 la participation des énergies vertes à hauteur de 42% et à 52% en 2030 de la puissance électrique installée totale, de même qu' économiser 12% de la consommation d'énergie en 2020 et 15% en 2030.
Pendant le sommet "Action Climat" de l'ONU à New-York, la princesse Lalla Hasnaa a lu une lettre royale qui nous apprends que le Maroc va revoir à la hausse ses ambitions en matière d’énergies renouvelables. Pour clarifier les choses, on pense à l'électricité produite par des éoliennes, des centrales solaires et par des barrages hydrauliques. L'électricité hydraulique est tributaire du volume des précipitations. Électricité et eau sont donc interdépendants dans la stratégie énergétique du pays.
Le climat a changé.
Dans le monde entier les événements climatiques extrêmes et inédits le montrent. La crue éclaire d'Imlil est un exemple récent. Pour les barrages, les fortes pluies (habituelles) réduisent leur capacité de stockage d'eau par une érosion des bassins versants. C'est un phénomène connu. le dernier chiffre du secrétariat d’état chargé de l’eau indique que les barrages perdent 75 millions de m3 chaque année. Une perte qui va s'accélérer avec l'érosion due aux très fortes pluies. La capacité des barrages va donc baisser plus vite, sans garantie de leur remplissage à 100% vu les régimes de pluie du nouveau climat et par conséquent baisse de production hydroélectrique. Ainsi par exemple le 2e plus grand barrage du royaume "Al Massira" a perdu 80% de sa capacité d'eau depuis 2015.
Durant l'Aïd al Adha de cette année, des coupures d'eau se sont produites à: Sidi Bennour, Zagora, Ouazzane ,certains quartiers de Casablanca, d’Oulad Khellouf (Kelaâ des Sraghna), d’Oujda et dans ses environs Taourirt, Laâyoune et Sidi Mellouk, Sidi Zouine (Marrakech), Moulay Bouazza (Khénifra).
les dernières études montrent que la quantité d’eau disponible peut chuter à 500 m3/habitant/an à l’horizon 2025 sous la pression du Changement Climatique. Ça peut être plus tard ou plus tôt !
C'est dans l'urgence que de nouveaux barrages vont ainsi être construits pour tenter de résoudre ce problème qui s'aggrave depuis près de 60 ans... En effet les climatologues prédisent qu'il va pleuvoir jusqu'à 30% de moins mais plus intensément. Les pluies fortes ne profitent ni aux barrages ni aux nappes phréatiques. Elles se déversent en mer. Au 1er octobre 2019 le taux de remplissage des principaux grands barrages continue de baisser , il est de 47,4%. Près de 10% de moins qu'à la même période en 2018.
Aux aléas climatiques s'ajoute une mauvaise gestion de l'eau comme l'annonce Mr Ahmed Iraqi président de l’Association marocaine sur le climat et l’environnement, lors d'une interview accordée à un média de la place, il y a 2 ans. Un autre problème récurrent est la fuite d'eau dans les canalisations.
Il tombe près de 150 milliards de m³ de pluie chaque année au Maroc. Près de 21 milliards de m³ en moyenne peuvent être captés par les différends barrages, selon les années, variant de 5 milliards à 50 milliards ! La consommation du pays est d'environ 14 milliards de m³. (Rapport sur les barrages ,2016, ministère chargé de l'eau)
Pour atteindre les objectifs fixée à par la lettre royale, le développement de la production ne suffit pas. Il est primordiale que la stratégie énergétique soit accompagnée par une sensibilisation accrue au gaspillage de l'eau et de l'électricité, ensuite par une accélération du développement du photovoltaïque sur les toits pour le batti existants et futur, et enfin par le développement de la récupération d'eau de pluie dans les villes, pour le nouveau et ancien batti.
La mise en place de récupération d'eau de pluie en ville va réduire la pression urbaine de l'eau sur les barrages. D'autant que depuis toujours dans certaines zones rurales du Maroc, la captation de pluie est une connaissance acquise. Les populations anciennes ont mis en place des Matfias et Khettaras pour la récupération d'eau de pluie. Dans plusieurs oasis ,on trouve encore les maîtres de l'eau (oasis Aguinane) qui font une distribution équitable de la captation entre les familles du villages. Il faut s'en inspirer pour encourager la captation d'eau de pluie dans les villes partout au Maroc. Des systèmes de récupération d'eau de pluie doivent être obligatoire pour les nouveaux bâtis publics ou privés et encourager par des subventions toute installation dans le bati déjà construit où sa réalisation est possible: usines, résidences , villas, bâtiments administratifs, etc...). L' eau de pluie captée peut être utilisé pour les jardins, les laves linges, le lavage de voitures et de sols, les chasses d'eau. Le Maroc peut s'inspirer de la stratégie belge qui prévoit dans certaines régions du pays, la récupération de l’eau de pluie obligatoire pour les propriétaires de nouvelles constructions.
On se souvient des capsules télévisées qui sensibilisent au gaspillage de l'eau. Cette communication doit se propager et s'accentuer sur les réseaux sociaux pour encourager les bonnes méthodes à adopter tant en ville qu'en milieu rural.
Avec l'augmentation constante de la demande en eau, de la baisse d'une pluviométrie irrégulière et d'un niveau des barrages moyen, le problème de stress hydrique ne peut être résolu. Il peut juste être maîtrisé par une éducation au gaspillage de l'eau et d'électricité et par la généralisation, promotion et encouragement de captation d'eau de pluie en villes. Barrages et usines de déssalements ne font que reculer l'échéance d'un stress hydrique toujours plus important.
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